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Génèse:
“J’ai toujours vécu dans des villes façonnées par la présence d’un fleuve : Lyon et le Rhône, Grenoble et l’Isère, Shanghai et le Huangpu, Montréal et le Saint-Laurent, New York et l’Hudson, et aujourd’hui Paris et la Seine. Le fleuve est un fil conducteur dans ma vie, une ligne d’eau qui relie mes expériences personnelles, mes voyages et mon regard artistique. La Seine a pour moi une résonance particulière : c’est à Paris que ma fille est née, et ce fleuve incarne à la fois la mémoire intime et l’énergie vitale. Comme tout cours d’eau, il est synonyme de vie – pour les hommes, les villes, mais aussi pour les écosystèmes qui l’entourent.
Installer une œuvre au cœur de l’Île de la Jatte m’est apparu comme une évidence : ce lieu, pris entre l’eau et la ville, constitue un écrin exceptionnel pour prolonger cette exploration artistique du fleuve que je mène depuis plusieurs années.
Le cœur de cette installation est né d’une collecte de morceaux de bois repêchés dans la Seine et sur ses rives. Ce geste a pris une dimension intime et joyeuse : j’ai partagé ces instants avec ma fille Iris, qui m’a accompagné dans ses sessions de pèche au bord de l’eau. Ensemble, nous avons trouvé ces fragments porteurs d’histoires, traces visibles du passage du fleuve. On y retrouve des essences variées : chêne, robinier, platane, érable ou encore frêne. Ces bois portent encore les stigmates de leur dérive : algues séchées, écorces usées, marques du temps.
Suspendus dans l’espace, ils semblent flotter, comme emportés par un courant invisible. La composition évoque un fleuve aérien, une chorégraphie entre installation et mobile. Les ombres projetées vibrent au gré des déplacements d’air et renforcent cette impression de flux. Malgré la matérialité brute du bois, ce n’est pas la forêt que l’on perçoit, mais bien le mouvement de l’eau.
L’œuvre invite également le spectateur à entrer dans ce dialogue : en s’approchant, son souffle peut faire frémir les morceaux de bois ; en circulant autour, il découvre des jeux de profondeur et de transparence, comme des reflets à la surface d’un cours d’eau. Le spectateur devient alors partie prenante, pris dans une expérience sensorielle où le regard, le corps et le souffle dialoguent avec la matière.
Les morceaux sont suspendus par un réseau de fils de coton et de soie naturelle. Les nœuds rappellent à la fois les liens invisibles qui nous relient à la nature et les nœuds marins, symboles de navigation et de voyage.
À travers cette installation, mon intention est de sensibiliser le visiteur à la force vitale du fleuve et à la richesse du site exceptionnel qu’est l’Île de la Jatte. Le bois devient ici le médium d’une poésie aquatique : il témoigne d’un passage, d’un cycle, d’une transformation. L’œuvre se veut à la fois contemplation et éveil, un appel à regarder autrement la nature qui nous entoure — et à retrouver ce lien, parfois oublié, avec le vivant. ”
Olivier Bacin
Chorégraphie de l’eau, Olivier Bacin
Acrylique réemployée, algues de la Seine broyées, 4 x 1.6m, 2025
Cette fresque monumentale, réalisée à l’acrylique réemployée et aux algues de la Seine broyées, traduit le jeu changeant des reflets du fleuve. Par un traitement en multiperspectivisme, l’œuvre évoque la fluidité du courant et la vitalité de l’eau. Les formes fragmentées et recomposées restituent le mouvement, la lumière et la vie, comme une mémoire sensible de la Seine inscrite dans la matière même de la peinture.
Hydrographies, Olivier et Iris Bacin
Acrylique réemployée, pigments de cobalt, algues de la Seine broyées, 4 x 1.6m
Cette fresque peinte avec ma fille, transpose sur le mur les tracés topographiques de l’Île de la Jatte. Comme une cartographie sensible, elle traduit les circulations, les flux et les rythmes du fleuve. Les lignes se déploient en mouvement, évoquant le courant, tandis que les teintes aquatiques résonnent avec la profondeur et la vitalité de l’eau. Le blanc craquelé, fragile et changeant, suggère la neige et la glace : l’eau sous ses multiples états, toujours en transformation. Les algues incrustées dans la surface ouvrent un espace de porosité entre la matière vivante et la peinture, transformant la fresque en un collage organique. L’œuvre invite le spectateur à une expérience perceptive : une immersion dans les reflets, les flux et les métamorphoses de l’eau, qui devient à la fois mémoire du paysage et matière de la peinture.
Reflets, Olivier et Iris Bacin
Diptyque de Fresques sur verre, Lignes de dérive
Acrylique réemployée, pigments de cobalt, algues de la Seine broyées, 7 x 1.6m, 2025
Cette fresque peinte avec ma fille, transpose sur le vitrage les reflets observés sur la Seine autour de l’Île de la Jatte. Comme une mémoire du mouvement, elle traduit les flux et la vie du fleuve. Ici le vitrage peint de part et d’autre ajoute une 3e dimensions à la peinture ainsi qu’un jeu de moirage cinétique lorsque l’on se déplace autour d’elle.
Mémoire du fleuve, Olivier Bacin
Chêne, robinier, platane, érable, frêne et algues de la Seine, fils noués en coton et de soie, 9 x 1.8 x 2m, 2025
Des morceaux de bois repêchés dans la Seine avec ma fille Iris, porteurs d’algues séchées et d’empreintes du temps, sont suspendus par des fils naturels. L’installation évoque un fleuve aérien : les fragments flottent comme emportés par le courant, projetant des ombres mouvantes. Le spectateur, en circulant autour ou par son simple souffle, active ces vibrations. Entre installation et mobile, l’œuvre propose une chorégraphie poétique où le bois devient trace de l’eau, mémoire du fleuve, et invitation à redécouvrir la nature qui nous entoure.
Anthropocène liquide, Olivier Bacin
Cuivre oxydé, fil de coton naturel, eau de la Seine, Dimensions variables, 2025
Ce mobile de trois disques en cuivre oxydé, suspendus à des fils de coton naturel, résulte d’une expérience entre geste et matière. L’eau de la Seine, projetée tantôt avec précision, tantôt au hasard, a dessiné sur le métal des paysages cristallins où le contrôle se mêle à l’imprévisible. L’oxydation révèle des formes naturelles, superbes et fragiles, métaphore de notre ère anthropocène : l’eau, symbole de vie, combinée à la main de l’homme, engendre à la fois beauté et toxicité. Le cuivre garde la mémoire du fleuve ; il en devient le miroir, vibrant et altéré.
Onde mémorielle, Olivier Bacin
Cette fresque monumentale, peinte au pigment d’algues et bleu outremer, explore le rapport physique entre le corps, la matière et le paysage. Par un geste ample et répétitif, presque chorégraphique, la peinture devient trace du mouvement humain dans l’espace, comme une calligraphie fluide. Les ondes bleues, à la fois maîtrisées par la géométrie et sauvages par les traits de pinceaux, traduisent le flux de la Seine et l’énergie de l’Île de la Jatte, tout en évoquant la tension de notre époque anthropocène : la main de l’homme cherche à saisir la nature qu’elle transforme.
La matière, brute et organique, garde la mémoire du geste et du vivant — un souffle de fleuve devenu peinture.